L’apprentissage, premier bilan, globalement une réussite

Après les analyses détaillées et les constats apportés par le Cercle Joseph Jacotot, voici le résumé de nos conclusions sur le système de formation professionnelle en 2022

Longtemps en France, l’apprentissage a été considéré comme une voie vers laquelle orienter ceux qui ne réussissaient pas à l’école. Cette image dégradée contrastait avec celle entretenue dans d’autres pays comme l’Allemagne.

Pourtant l’apprentissage offre de nombreux avantages, comme par exemple permettre de transformer plus rapidement des savoirs en compétences, ou mieux comprendre comment s’intégrer et quelle place on tient dans une équipe…
Mais surtout, certains métiers ne peuvent s’en exonérer : même s’il ne s’agit pas à proprement parler d’un contrat d’apprentissage, le rapprochement avec la formation d’un médecin le démontre bien.

Comment un médecin pourrait-il exercer son métier sans avoir préalablement travaillé à l’hôpital ou en cabinet en complément de sa formation théorique. C’est bien le processus pédagogique de l’alternance entre formation théorique et formation pratique, principe à la base même du contrat d’apprentissage, qui est ainsi validé.

Jusque-là, malgré les nombreux plans successifs de soutien à l’apprentissage, le dispositif ne décollait pas, alors que dans le même temps, un dispositif proche – celui des contrats de professionnalisation – réussissait à se développer.
D’où sans doute l’idée, dans la réforme de 2018, de passer d’une logique de l’offre (le financement des CFA) à une logique de la demande (le financement par contrat, comme cela était pratiqué par les OPCA – émanation des partenaires sociaux– pour les contrats de professionnalisation) ainsi que les possibilités nouvelles de créer un
Centre de Formation d’Apprentis (CFA)
.
Au vu des chiffres, la réforme est une réussite :

Nombre de contrats 2018 2021
Niveau Bac+2 ou plus
122 958
442 730
Niveau Bac
65 492
111 963
Équivalent CAP
124 242
166 847
Mentions complémentaires
8 347
9 513

Au global, le nombre de contrats d’apprentissage est donc passé de 321 000 en 2018 à 732 000 en 2021, soit plus d’un doublement en 3 ans. Même si dans la même période, les contrats de professionnalisation se sont arrêtés, c’est unrésultat particulièrement significatif.
Tous les niveaux ont bénéficié de cette progression, même si la plus spectaculaire concerne le niveau BAC + et plus, ce qui plutôt positif en termes d’image de l’apprentissage.

QUELS FACTEURS PEUVENT ÊTRE RETENUS POUR EXPLIQUER CE SUCCÈS ?

Les contrats concernent principalement les TPE-PME, qui représentent 47% de l’emploi en France, regroupent 77% de cescontrats, les entreprises de 250 salariés et plus en ont signé 23% alors qu’elles représentent 53% de l’emploi en France.
Dans ce contexte cette augmentation significative du nombre de contrats peut sans doute s’expliquer en partie par le plan « 1jeune, 1 solution » , mis en place pour tous les contrats d’apprentissage conclus entre le 1er 07 2020 et le 30 06 2022, jusqu’auniveau master. En effet, dans le cadre de ce plan, une aide exceptionnelle est versée aux employeurs qui recrutent un apprenti :

  • 5 000 euros maximum pour un jeune de moins de 18 ans ;
  • 8 000 euros maximum pour un apprenti majeur.

Cette aide est sans conditions pour les TPE-PME. Les entreprises de 250 salariés ou plus doivent pour leur part s’engager àatteindre un seuil de contrats d’alternance ou favorisant l’insertion professionnelle.

Tous les secteurs économiques ont recours à l’apprentissage : services (71 %), industrie (15 %), construction (11 %)l’agriculture, la pêche (3 %). Il convient de noter que cette nouvelle donne se traduit par un élargissement des secteurs etmétiers ayant traditionnellement recours à l’apprentissage entrainant de facto une baisse relative de leur représentation.

les possibilités élargies de créer un CFA, notamment pour les entreprises qui cherchent à répondre à leurs besoins desalariés qualifiés, former des apprentis selon leurs besoins spécifiques, choisir le contenu des formations et s’ assurer de leur qualité mais également obtenir des financements d’un OPCO (Opérateur de compétences) en fonction des niveaux de prise en charge établis pour votre branche professionnelle mais également des régions, et de la taxe d’apprentissage.

Enfin, la Dares souligne que 60% des contrats commencés en 2021 sont en lien avec des formations de l’enseignement supérieur.
En 2018, environ quatre nouveaux contrats d’apprentissage privés sur dix correspondaient à une formation du supérieur.

Pour la Dares, l’aide exceptionnelle à l’embauche d’apprentis peux expliquer cet essor, les formations du supérieur pouvant y être éligibles. Mais la question se pose aussi de savoir si cette forte progression des apprentis sur les formations du supérieur n’est pas également liée au transfert d’un public en formation vers l’apprentissage, c’est-à-dire sans aucun effet d’ascenseur social, mais juste un transfert de financement entre des financeurs privés (les familles principalement) vers des fonds mutualisés ?

Au regard des jeunes : une offre de formation élargie, des niveaux supérieurs accessibles par apprentissage, le report de l’âge limite (29 ans) pour entrer en apprentissage, la possibilité de conduire un cursus en ayant un double statut de salarié et d’« Étudiant des Métiers » associé à une rémunération ont renforcé l’attractivité de cette voie de formation : en 2021, les apprentis de 20 ans ou plus sont désormais majoritaires avec 57% des contrats privés contre 38% en 2018. La part des 20-25 ans a fortement augmenté (+16 points par rapport à 2018 avec 51% des contrats privés en 2021). En revanche,concernant les moins de 18 ans, leur part a beaucoup baissé avec seulement 19% des nouveaux contrats d’apprentissage dans le secteur privé alors qu’ils étaient 37% en 2018.

La Commission sénatoriale conduite par Catherine DEROCHE, Frédérique PUISSAT, Corinne FERET et Martin LEVRIER relève cependant que le coût financé par contrat, en moyenne de 8 350€ (selon les chiffres avancés), serait plus élevé de 20 % que le coût moyen observé grâce à la remontée des comptes analytiques des CFA (6 600 €). Un travail complémentaire doit donc être accompli par les branches professionnelles qui fixent le niveau de prise en charge (NPEC). 

A noter que ces niveaux de prise en charge favorisent le supérieur, l’insertion – orientation des jeunes en fin de 3ème n’étant elle que peu valorisée.
Enfin, la libéralisation des modalités de création de centres de formation d’apprentis a induit une augmentation du nombre de CFA qui doit inciter à développer un contrôle relatif à la qualité des formations dispensées.

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Cercle Joseph Jacotot
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